Récit d’une intervention en urgence.

Récit d’une intervention en urgence.

Réanimation domicile

La réanimation à domicile en urgence ! 

Cela fait déjà quelques années que j’use mes pantalons comme infirmière aux urgences et dans une unité du Service Médical d’Urgence et de Réanimation ( SMUR).

Partir en intervention en équipe (SMUR) n’est pas comparable avec le travail d’infirmière aux urgences.

Pourquoi allez vous me dire ? Parce que c’est l’hôpital qui se déplace à domicile avec son personnel.

C’est ‘’nous’’ l’équipage, qui entrons dans la vie des personnes en détresse vitale.

A l’hôpital, c’est le patient qui rentre dans notre monde de soignant, avec ses contraintes et ses locaux. Nous sommes dans un lieu plutôt aseptisé.

Revenons aux SMUR. Lorsque l’alerte sonne, c’est une véritable aventure qui s’annonce et nous n’avons aucune idée de ce qu’il va se passer sur notre intervention.

C’est la régulation du centre 15 qui déclenche cette alerte car une personne est en détresse et son état l’intervention d’un médecin de toute urgence.

Une journée d’infirmière en SMUR est une journée que personne ne peut prévoir : avec ses joies, ses grands moments de solitudes, mais malheureusement aussi toute la tristesse qui peut en découler.

 

80% des arrêts cardiaques se font  à domicile, il faut partir en urgence !

 

L’urgence a sonné et en même temps, une feuille est imprimée dans les locaux du Smur pour nous indiquer le motif de l’intervention, le lieu et l’équipage qui part sur cette intervention.

Oulala un arrêt cardiaque, c’est grave ! Une fois l’équipage réuni, notre ambulancier nous guide vers le lieu de l’intervention.

Heureusement qu’on les a ! “Nos ambulanciers” ont un diplôme de soignants et passe encore une formation pour venir travailler dans un SMUR.

Rouler vite et bien, nous permet d’arriver au plus rapide sur l’intervention et en vie.

C’est parti ! Durant le trajet, le médecin nous donne les informations que le centre 15 dit SAMU a réussi à obtenir.

Le patient est une homme  de 82 ans qui a fait un arrêt cardiaque en allant au toilettes, sa femme sur place a été chercher le voisin qui a commencé un massage cardiaque

Il y a une sorte de danse organisée lorsqu’on arrive en SMUR, nous n’avons pas besoin de nous parler pour savoir ce que chaque membre de l’équipage doit faire : 

  • L’ambulancier nous aide à préparer et poser le matériel : perfusion et scope (l’appareil qui permets de connaître l’activité électrique du cœur) 
  • Le médecin doit comprendre le contexte : est ce que le patient a été massé tout de suite, si la femme a vu tomber son mari ou l’a telle découvert le matin en se levant ? le patient prenait-il un traitement ? souffrait-il d’autres pathologies ?
  • Et moi l’infirmière qui pose ce que l’ambulancier nous a préparé : perfusion et adrénaline, et le scope

La réanimation est en route, les pompiers sont déjà sur place pour que l’équipe soit la plus efficace.

Les pompiers sont avertis en même temps que nous sur l’intervention.

Ils arrivent quasi toujours avant nous et commencent ou prennent le relais pour le massage cardiaque et la ventilation avec de l’oxygène et enfin pose le défibrillateur.

 

Faire repartir le cœur.

 

La symbiose de l’équipe commence, tout le monde travaille pour faire repartir le cœur de ce patient de 82 ans.

Souvent durant ces moments nous sommes focus sur le patient, afin de faire notre métier, mais parfois le contexte vous heurte dans vos pratiques.

Nous continuons la réanimation et c’est le médecin qui prend la décision d’arrêter le massage cardiaque.

Ce jour-là, le cœur n’est pas réparti malgré nos 45 minutes de travail acharné.

 

Ce jour là, malheureusement, notre intervention n’a pas suffit.

 

Et après que faisons nous ? Le médecin explique à la famille que le cœur était fatigué et que malgré nos efforts il n’est pas reparti.

Ensuite, nous demandons à la famille, ce que nous faisons du corps. Aussi incroyable que cela puisse paraître, nous n’avons pas le droit de transporter un corps.

Nous laissons le monsieur, devenu défunt, dans un lit.

Nous essayons de le rendre le plus présentable possible, nous lui enfilons un vêtement décent , nous lui remettons les cheveux dans le bon sens, et l’installons dans un lit, car souvent à notre arrivée la victime gît sur le sol. 

Ensuite, nous expliquons les démarches à la famille, qui appeler, quand, comment ça se passe après ?

C’est souvent dans ces moments-là, qu’on se dit que la journée sera terrible pour certains car une vie s’en va.

Et nous, ensuite on repart, dans le véhicule nous faisons le point sur notre intervention.

Une fois rentrés à l’hôpital, nous remettons dans le véhicule le matériel que nous avons utilisé. 

Et voila nous sommes de nouveau prêts pour repartir à l’aventure jusqu’au prochain déclenchement de notre bip.